Témoignages cancer du sein
Quelques témoignages du cancer du sein
![Nadine Dartigue](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/04/nadine-dartigue-150x150.jpeg)
Nadine 53 ans
1 – A quel âge avez-vous été diagnostiqué(e) d’un cancer du sein ?
50 ans
2 – Comment avez-vous su que vous étiez porteur(se) d’un cancer du sein ?
Lors d’un contrôle chez le gynécologue pour un renouvellement de pilule.
3 – De quel type de cancer et de quel grade s’agit-il ?
Adénocarcinome canalaire infiltrant grade 2.
4 – Expliquez brièvement votre parcours :
On m’a retiré la chaîne ganglionnaire, car un ganglion a été touché, j’ai reçu des séances de chimiothérapie et de radiothérapie et j’ai eu une reconstruction mammaire par le grand dorsal.
5 – Dans l’ensemble, comment avez-vous vécu ces étapes ?
Cela a été difficile physiquement et moralement, mais j’ai été bien entourée.
6 – Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Le jour de l’annonce de la maladie, le jour où j’ai dû raser mes cheveux et la 1ère chimio qui était “costaud”.
7 – Vous êtes-vous senti(e) soutenu(e) dans votre entourage et avec le corps médical ?
Oui, par ma famille, mon ex mari, mes enfants et mes collègues.
8 – Comment avez-vous vécu l’après cancer ?
C’est difficile, car on a le corps qui a changé avec plein de cicatrices et des douleurs.
9 – Quels auraient été vos besoins pour vous aider à mieux vivre la maladie ?
Être plus soutenu à la reprise du travail, car rien n’est fait pour nous.
10 – Qu’avez-vous appris personnellement à la suite de la maladie ?
Qu’il faut vivre, rire, profiter. Notre vie peut s’arrêter à tout moment.
11 – Que conseillerez-vous aux personnes qui vivent cette maladie aujourd’hui ?
De garder espoir, de se battre, de se mettre en contact avec des personnes qui ont eu le cancer du sein (ce que j’ai via internet avec une personne qui était passé par la même étape que moi). De se laisser porter par son médecin, surtout de ne rien lâcher.
![Christine](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/04/christine-150x150.jpeg)
Christine 50 ans
1 – A quel âge avez-vous été diagnostiqué(e) d’un cancer du sein ?
46 ans
2 – Comment avez-vous su que vous étiez porteur(se) d’un cancer du sein ?
Je m’en suis rendue compte par moi même, en sentant un « kyste » anormal sur mon sein gauche
3 – De quel type de cancer et de quel grade s’agit-il ?
Cancer hormono dépendant de grade 3
4 – Expliquez brièvement votre parcours :
Parcours médical classique: biopsie, tumorectomie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie.
J’y ai ajouté à ma demande et avec l’accord du corps médical une ovariectomie.
5 – Dans l’ensemble, comment avez-vous vécu ces étapes ?
J’ai bien vécu cette année de traitement.
Les une après les autres, en m’entourant de tout ce que les médecines douces peuvent apporter comme soulagement
6 – Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
L’annonce à mes enfants (12 et 15 ans)
7 – Vous êtes-vous senti(e) soutenu(e) dans votre entourage et avec le corps médical ?
Oui soutien de ma famille essentiellement.
Pour le reste je suis allée chercher le soutien dans les médecines douces (socio esthétique, hypnose, reflexologie, soins énergétiques)
8 – Comment avez-vous vécu l’après cancer ?
Plus difficile que le cancer en lui-même: j’ai rencontré un psychologue pour être dans les meilleures conditions sur la reprise de mon activité professionnelle. Ce qui n’a pas empêché de faire face à un employeur qui n’a mis aucune mesure en place pour réintégrer un salarié après ce type de pathologie (comme souvent malheureusement)
Mon poste ne m’a pas été rendu et j’ai moi même proposé une fiche de poste pour intégrer un autre service.
9 – Quels auraient été vos besoins pour vous aider à mieux vivre la maladie
Aucun franchement j’ai trouvé ce dont j’avais besoin (mon métier m’y aidant: cadre de la fonction publique hospitalière)
10 – Qu’avez-vous appris personnellement à la suite de la maladie ?
Beaucoup de choses: ce que je voulais faire de mon existence notamment: j ‘ai enclenché rapidement une formation pro d’hypnotherapeute, fait une rupture conventionnelle avec mon employeur et lancé ma nouvelle activité (en 3 ans tout cela)
11 – Que conseillerez-vous aux personnes qui vivent cette maladie aujourd’hui
De s’entourer de professionnels du bien être qui peuvent accompagner, soulager le corps et l’esprit.
De penser en mode « égoïste » juste à soi durant la totalité des traitements et de reléguer les tâches superflues à d’autres personnes de son entourage. (oui oui on doit savoir faire du tri et se prioriser dans ces moments là).
Car je suis convaincue que les traitements lourds sont mieux tolérés s’ils sont compris et accueillis dans un état d’esprit serein et apaisé.
![Maddalen](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/08/maddalen-150x150.jpeg)
Maddalen 65 ans
1 – A quel âge avez-vous été diagnostiquée ?
62 ans.
2 – Comment avez-vous su que vous étiez porteuse d’un cancer du sein?
Le 17.07.2020 = dépistage mammographique effectué tous les 2 ans.
3 – De quel type de cancer et de quel grade s’agit-il ?
CCIS avec foyer de carcinome canalaire infiltrant de grade 3 RH-HER 2 +++, berges R1.
4 – Expliquez brièvement votre parcours :
- 25.08.2020 = tumorectomie oncoplastique du sein droit et recherche de ganglions axillaires sentinelles.
- 06.10.2020 = mastectomie droite + reconstruction immédiate par lambeau de grand dorsal et prothèse.
- 11.01.2022 = suite à suivi contrôle échographie, localisation d’un carcinome de type non spécifique (NSI/CCI) de phénotype HER2 enrichi sur 4 ganglions mammaires.
- 12 Séances de chimiothérapie, puis 27 de radiothérapies et enfin, 18 injections de thérapie ciblée.
- Actuellement, en rémission.
5 – Dans l’ensemble, comment avez-vous vécu ces étapes ?
Plutôt bien, à partir du moment où j’ai “digéré” l’annonce. J’ai continué à prendre soin de moi, à être la plus coquette possible (foulards, bandeaux et vêtements colorés).
Je n’ai jamais été “clouée” au lit, juste un peu barbouillée 48h après les chimios. J’ai continué à marcher et sortir, sans craindre le regard des autres.
6 – Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
La perte des cheveux… le fait de ne pas supporter la perruque, surtout lorsqu’il faisait chaud. Également, entendre (rarement tout de même) des paroles maladroites et involontairement blessantes : je n’avais aucune envie de susciter de la pitié.
7 – Vous êtes-vous senti(e) soutenu(e) par votre entourage et le corps médical ?
OUI (particulièrement mes 2 filles qui ont été très présentes et attentionnées, famille nombreuse et amis).
Le corps médical, dans l’ensemble, a été très bienveillant et à l’écoute.
8 – Comment avez-vous vécu l’après-cancer ?
Très bien ! J’ai enchaîné avec la retraite : je savoure le fait de ne plus avoir le stress du travail et de pouvoir prendre mon temps.
A la fin des traitements, j’ai repris mon activité sportive, je ne veux plus m’ennuyer et je veux faire ce qu’il me plaît (dans la mesure du possible).
9 – Quels auraient été vos besoins pour vous aider à mieux vivre la maladie ?
Je ne sais pas trop : j’ai fait appel à la ligue contre le cancer pour m’octroyer des séances de massages et de la réflexologie plantaire à domicile.
10 – Qu’avez-vous appris personnellement à la suite de la maladie ?
J’ai appris qu’il faut apprécier le moment présent et relativiser.
11 – Que conseillerez-vous aux personnes qui vivent cette maladie aujourd’hui ?
- De faire confiance au corps médical.
- D’être positif et de ne pas se laisser abattre.
- De rester le plus possible en mouvement.
![Alice](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/05/alice-150x150.jpg)
Alice 51 ans
1 – A quel âge avez-vous été diagnostiqué(e) d’un cancer du sein ?
41 ans en 2013 puis récidive à 51 ans l’été dernier
2 – Comment avez-vous su que vous étiez porteur(se) d’un cancer du sein?
En janvier 2013, j’ai vu mon gynécologue parce que je souhaitais un troisième enfant et il tardait. Il m’a donné un traitement pour stimuler les ovaires et m’a demandé de passer une mammographie avant de tomber enceinte. Une première tumeur a été découverte au sein gauche à la mammographie. Une deuxième tumeur a été découverte au sein droit lors du bilan d’extension trois semaines plus tard quand j’ai insisté auprès du radiologue que je sentais depuis une grosseur depuis la dernière fois mais « Ne vous inquiétez pas Madame » ….
Pour la récidive, une mammographie du contrôle annuel a identifié une densification des tissus du sein droit en octobre 2023. Il a fallu que j’attende 8 mois, et notamment 3 mois pour une IRM, avant qu’enfin une biopsie confirme la récidive. « Ne vous inquiétez pas Madame » … Je fais partie des rares qui ont une récidive de ce type de cancer aussi tardivement …
3 – De quel type de cancer et de quel grade s’agit-il ?
carcinome infiltrant TNS basal triple négatif grade 3
4 – Expliquez brièvement votre parcours :
2013 – le gynécologue m’a envoyé chez un chirurgien, qui a eu la bonne idée de me dire qu’il me fallait un oncologue. Pendant plusieurs semaines j’ai attendu que les professionnels décident l’ordre des traitements. Finalement, chimiothérapie d’abord, tumorectomie aux deux seins, radiothérapie. L’analyse génétique n’a révélé aucun facteur prédisposant. Je dois refaire des analyses pour cette récidive.
2023 … Mastectomie, chimiothérapie, pas de rayons parce que déjà irradiée il y a 10 ans. Comme j’ai un cancer triple négatif, c’est à dire n’étant pas alimenté par des hormones, je ne bénéficie pas de la possibilité de prendre des inhibiteurs qui aident à prévenir les récidives donc pas de cachets pendant 5-10 ans mais plus de probabilité de récidive….
5 – Dans l’ensemble, comment avez-vous vécu ces étapes ?
La première fois, j’ai vraiment eu l’impression qu’on m’annonçait ma mort. De plus, j’étais allée voir le gynécologue pour avoir un troisième enfant et donner la vie et je suis sortie avec la mort. Le deuil de ce troisième enfant a été très difficile à vivre d’autant plus que j’ai dû retourner voir le gynécologue en salle d’attente avec des femmes enceintes. Cela dit, une amie m’a dit que cet enfant qui n’est jamais né m’avait sauvé la vie puisque c’est grâce à lui que j’ai fait la mammographie à ce moment-là et cela m’a beaucoup aidé. J’ai beaucoup souffert des effets secondaires de la chimiothérapie. J’ai trouvé que j’avais peu d’explications et peu d’accompagnement sur la chirurgie j’ai eu une double tumorectomie et on ne m’a pas proposé de reconstruction quoi que ce soit. Je ne garde pas un mauvais souvenir de la radiothérapie mais j’avais fait appel à un coupeur de feu.
Le deuxième diagnostic a été très difficile à vivre parce que je me suis vraiment demandé comment j’allais pouvoir revivre ce que j’avais déjà vécu. Les neuf mois entre la première suspicion et la biopsie finale avec des professionnels qui me répétaient « ne vous inquiétez pas Madame » alors qu’en fait c’est moi qui avais raison me restent en travers . De plus, alors que lors de mon premier diagnostic il y a 10 ans j’étais en couple avec le père des enfants cette fois-ci j’ai dû affronter seule la maladie. . J’avais gardé la chambre implantable 8 ans avant de la faire retirer. Devoir en remettre une a été difficile, je pensais vraiment avoir tourné la page. D’un autre côté, j’ai eu moins peur étrangement que lors du premier diagnostic parce que je savais à quoi m’attendre.
6 – Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
La première fois le plus difficile a été le deuil du troisième enfant qui n’est jamais né et contrôler la peur de mourir avec deux enfants de 5 et 4 ans.
La deuxième fois j’ai eu une mastectomie. C’est sans aucun doute le plus difficile à vivre d’autant plus que j’ai été hospitalisé en maternité dans une chambre rose avec une table à langer, des posters de bébé et d’allaitement au mur et les parents et grands-parents qui arrivaient avec des bouquets de fleurs et des ballons pour les chambres d’à côté.
La chimiothérapie a de nouveau été excessivement difficile à supporter.
7 – Vous êtes-vous senti(e) soutenu(e) dans votre entourage et avec le corps médical ?
J’ai la chance d’avoir des amis dont quelques perles qui m’ont portée tout le long du processus. J’ai créé un groupe WhatsApp app qui me permettait de donner les nouvelles une fois et éventuellement poster des demandes d’aide et d’accompagnement.
Comme à chaque épreuve, j’ai malheureusement été étonnée par l’absence de certains tout en étant agréablement surprise par la présence d’autres auxquelles je ne m’attendais pas.
Au niveau du corps médical, j’ai trouvé le chirurgien comme à son habitude sans doute techniquement sur de lui mais beaucoup moins à l’écoute humainement que je l’aurais souhaité. J’ai d’ailleurs découvert récemment que là où il aurait pu me proposer une reconstruction immédiate, il ne l’a pas fait et le geste qu’il a eu m’empêche d’avoir une prothèse parce qu’il n’a pas laissé assez de peau … Au niveau de l’oncologue elle était à l’écoute mais comme tous ces professionnels submergés de travail. Elle ne me voyait qu’au bout des trois semaines de chimiothérapie quand j’allais mieux et pas forcément au pire des effets secondaires et je ne suis pas certaine qu’elle en avait pleinement conscience.
8 – Comment avez-vous vécu l’après cancer ?
L’après cancer est toujours un peu difficile parce que pour tout le monde c’est terminé mais pas pour moi qui dois réapprendre à vivre avec une épée de Damoclès sur la tête. Cela dit, je trouve que je gère mieux cette deuxième fois. J’ai kiné, je marche, je fais de la piscine, je fais du Pilates.
9 – Quels auraient été vos besoins pour vous aider à mieux vivre la maladie ?
Mon angoisse principale est centrée autour de ma vie professionnelle et financière et la nécessité de devoir reprendre le travail. J’ai eu beaucoup de chance que la prévoyance a pu financer mon salaire ce qui n’était pas couru d’avance. Batailler avec des arrêts maladie à CPAM qui m’a supprimé les indemnités un moment parce que je les envoyais en retard m’a fatigué. Ces administrateurs ne se rendent pas compte que faire de la paperasse est impossible quand on se sent aussi mal et pourtant j’ai été très bien entouré par une assistante sociale. Ce qui m’aurait aidé aurait été des prolongations d’arrêt maladie automatiques ou bien par téléphone etc De plus j’ai bénéficié d’aide ménagère à domicile grâce à la mutuelle mais il n’empêche que j’ai dû gérer seule le quotidien quel que soit mon état.
10 – Qu’avez-vous appris personnellement à la suite de la maladie ?
J’ai simplement appris qu’il y a des gens qui sont là pour accompagner et d’autres pas du tout. J’ai appris qu’ on est seul face à la maladie que l’on soit accompagné ou pas. Je me rends compte à quel point cela doit être difficile pour les personnes qui ont des maladies graves chroniques permanentes. La société n’est aucunement faite pour soulager les malades des angoisses administratives, financières et professionnelles. On n’affronte pas la maladie de la même façon si l’on a une sécurité financière sans parler pas du fait qu’on est plus ou moins bien lotis selon où on habite en France. Je m’interroge sur le fait qu’il y a ceux qui font face à des épreuves et ceux que rien ne semble toucher.
11 – Que conseillerez-vous aux personnes qui vivent cette maladie aujourd’hui
Les conseils que je donnerai face à cette maladie aujourd’hui sont : – premièrement que c’est généralement plus gérable qu’on ne le pense – qu’il y a une multitude de cancers différents et que les traitements sont tous différents, les doses sont différentes, les effets secondaires sont différents et l’on réagit différemment, ce qui fait que tous les commentaires du genre « mon oncle a une chimiothérapie il n’a pas perdu les cheveux » ne servent à rien et parce que la voisine a réussi à travailler tout le long ne veut pas dire que nous aussi on pourra… La voisine n’a peut être « que » des rayons… -c’est en passe de devenir une maladie qu’ on traite plutôt bien, selon les cancers, et ne signifie pas forcément un arrêt de mort -si jamais on regarde les statistiques, il faut s’assurer de bien les comprendre
Les mutations génétiques
Qu’est-ce qu’une mutation BRCA ? Les gènes BRCA (ou antioncogènes) sont transmis par le père ou la mère, ou bien les deux parents, et elles augmentent le risque de cancer. Tout le monde est porteur des gènes BRCA1 et BRCA2 qui sont en principe les gènes qui nous protègent contre le cancer. Lorsqu’un de ces deux gènes contient une faute ou une mutation, le porteur présente un risque augmenté de développer un cancer. geneticancer.org
Les risques : BRCA1 et BRCA2
Chez les femmes : 40 à 85% pour le cancer du sein 25 à 65% pour le cancer des ovaires
Chez les hommes : 6% pour le cancer du sein 2% pour le cancer de la prostate
![Nathalie Géniti cancer](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/04/nathalie-geneticancer-150x150.jpg)
Nathalie 45 ans et ambassadrice chez Geneticancer.
Comment votre famille a- t-elle su qu’elle était prédisposée au gène BRCA 1 ?
Ma maman a été touchée par un cancer du sein en 2003 et des années plus tard, une de ses sœurs a souffert d’un cancer des ovaires.
L’oncologue s’est alors questionné sur le schéma familial et sur les cancers survenus dans ma famille. Il nous a alors orientées vers la recherche génétique via le Centre Oncopole de Toulouse.
Grâce à cette démarche, après quelques mois d’attente, nous apprenions que le gène BRCA1 était responsable des cancers survenus dans ma famille.
Quelle a été votre réaction ?
Ce fut à la fois un choc, une inquiétude sur l’avenir face à cette information, néanmoins une explication à ce que ma famille traversait et surtout un début de réflexion presque instantané sur ce qu’il était possible de faire pour se « protéger ».
Qui peut prétendre à un test génétique ?
Les familles présentant des schémas marqués par la survenue du cancer du sein, de l’ovaire voire des deux sont orientées par l’onco généticien dans une recherche de mutation génétique. Il convient bien sûr d’en parler à son médecin, gynécologue si le doute est présent dans les familles, eux sauront si la recherche s’impose.
Comment avez-vous fait le choix de la mastectomie et de l’ovariectomie ?
La recherche du gène a d’abord été effectuée auprès de ma maman et de mes autres tantes. Comme elles sont toutes porteuses, il leur a été conseillé de procéder à une ovariectomie rapidement.
C’est à l’issue de cette ovariectomie que ma maman découvre qu’elle était déjà touchée en silence par le cancer des ovaires. J’apprends quelques jours plus tard que je suis porteuse du gène BRCA 1.
Je n’ai pas hésité une seconde à subir une ovariectomie ainsi qu’une mastectomie prophylactique. Je voulais lui prouver qu’on allait y arriver , elle courait courageusement pour la deuxième fois face à la maladie et moi en faisant tout ce qu’il nous était proposé pour contourner le risque. Le parcours est bien sûr très encadré. Chaque histoire est différente ! je n’ai pas hésité.
On avait cette information, il fallait en faire quelque chose de positif.
Pour ma maman, pour mes filles, pour moi…Le choix revient à chacune.
Comment avez-vous vécu l’ovariectomie et la mastectomie ?
Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte sur l’après .
Les spécialistes nous les exposent longuement lors des rendez-vous précédant les interventions. En attendant les premières interventions , puisque je suis porteuse de ce gène , je suis un protocole de surveillance très prégnant et stressant( échographie mammaire, IRM mammaire, rendez-vous gynécologue très régulièrement, mammographie …). Je sors d’un rendez-vous en prenant déjà la date du prochain.
Cette période ne fait que confirmer mon choix de passer à l’action . Le bénéfice ressenti de s’être mise à l’abri dépasse ces « désagréments » et nous écarte de cette surveillance qui rappelle une grosse épée de Damoclès qui angoisse toute la famille au quotidien, comme une bombe à retardement.
Alors bien sûr, le soutien de ma famille, de mes proches a été essentiel. J’ai été accompagnée et soutenue dans mes choix. Mais malgré tout, concrètement, cette prévention signifie d’être ménopausée à même pas 40 ans et de devoir s’approprier des changements irréversibles dans son corps, dans sa chair. Pour moi, il était juste essentiel de reprendre ma vie d’avant, d’y intégrer ses changements car ils deviennent secondaires face à la sérénité gagnée. Et comme le temps fait son œuvre, on s’adapte et la vie reprend son cours.
Que conseillerais- tu aux personnes qui sont porteuses de ce gène ?
Le temps faisant son effet , cette information de mutation génétique est devenue une « chance « de savoir et d’anticiper . Pour autant, je suis terriblement inquiète et angoissée que ma fille aînée procède à ce test elle aussi. J’ ai vécu insouciante longtemps sans connaître ce gène, elles grandissent avec sa présence tout en connaissant son œuvre. Mais dans notre cas, il existe des solutions pour prévenir de la maladie et c’est une chance. Chacune doit être en possession de toutes les informations avant de se lancer et doit avoir pu poser toutes les questions qui surviennent pendant ce temps de réflexion et de rencontres avec les spécialistes.
Pour conclure, je dirai que si mon histoire était à réécrire, je le réécrirais de la même façon, je n’ai aucun regret face à mes choix, bien au contraire.
![Aurélie Mielon](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/04/aurelie-mielon-e1713192911773-150x150.jpg)
Aurélie 34 ans
1 – A quel âge avez-vous été diagnostiqué(e) d’un cancer du sein ?
32 ans.
2 – Comment avez-vous su que vous étiez porteur(se) d’un cancer du sein ?
Un soir, en prenant ma douche, j’ai senti une grosse boule dans mon sein, c’était presque impossible que je ne la sente pas tellement elle était imposante. Le lendemain, j’ai contacté mon gynécologue qui en m’auscultant n’était pas inquiet au vu de mon âge, mais étant anxieuse il m’a proposé un rendez-vous pour une mammographie.
3 – De quel type de cancer et de quel grade s’agit-il ?
Un carcinome infiltrant luminal b de grade 3 avec une altération du gène BRCA2 (prédisposition héréditaire aux tumeurs, essentiellement mammaires et ovariennes).
4 – Expliquez brièvement votre parcours :
Après mon rendez-vous mammographique, j’ai enchaîné sur une échographie et une biopsie. Suite aux résultats de la biopsie, c’est à ce moment que l’on m’a annoncé mon cancer du sein. Bien-sûr j’étais anéantie par la nouvelle et en même temps j’avais du mal à réaliser. Les rendez-vous médicaux se sont enchaînés, je n’avais même pas le temps de réfléchir à ce qu’il m’arrivait. On m’a fait une ponction ovocytaire (car je n’ai pas encore d’enfants) et on m’a mis en place un PAC (pour transfuser la chimiothérapie). J’ai démarré les soins par 5 mois de chimiothérapie et j’ai commencé à perdre mes cheveux dès la seconde séance, puis à partir du 3ème mois, j’ai perdu partiellement mes cils et sourcils. Deux à trois semaines après la fin de la chimiothérapie, j’ai subi une mastectomie totale avec reconstruction du sein malade et environ deux mois après cette opération, j’ai eu 25 séances de radiothérapie. Un an après la radiothérapie, j’ai fait faire la mastectomie préventive avec reconstruction du second sein. Six mois après cette opération, une seconde pour remettre en place la prothèse qui s’est décalée. Aujourd’hui, je suis en rémission depuis un an avec un traitement d’hormonothérapie, une piqûre mensuelle pendant encore 4 ans et un 3ème traitement que je viens de terminer.
5 – Dans l’ensemble, comment avez-vous vécu ces étapes ?
Au départ, je ne réalisais pas que mon cancer était grave, mais quand cela a été le cas, mon instinct de survie a pris le dessus. Je fais partie des personnes qui dans l’ensemble ont plutôt bien supporté les effets secondaires, même s’ il y a eu des moments très difficiles, je suis restée assez positive malgré tout. Je continuais à prendre soin de moi, à rester coquette et à faire du sport dès que mon corps me le permettait. Ensuite, mon moral a fait “les montagnes russes”. La mastectomie était une épreuve difficile, mais qui s’est bien déroulée avec un bon travail de la part de la chirurgienne. La radiothérapie s’est bien passée, c’était pour moi bien plus facile que la chimiothérapie, mais elle a abîmé ma prothèse mammaire qui a été changée. Enfin, la seconde mastectomie a été un choix de ma part, donc je l’ai mieux supporté psychologiquement, même si perdre ses seins est une épreuve. Une seconde intervention est prévue sur ce sein, car la prothèse s’est mal positionnée et la chirurgienne en profite pour faire du lipomodelage.
6 – Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Plusieurs choses ont été difficiles, mais pour moi cela été la mastectomie du premier sein. Il m’a été très difficile d’accepter de perdre une partie de mon corps, de ne plus avoir de sensibilité et cela m’était imposé.
7 – Vous êtes-vous senti(e) soutenu(e) dans votre entourage et avec le corps médical ?
Tout au long de la chimiothérapie, je me suis sentie bien entourée autant par le corps médical que par mes proches (famille et ami(e)s), mais lorsque ces soins sont terminés les rendez-vous médicaux ralentissent (et c’est tant mieux) et certains proches pensent que lorsque la chimiothérapie est terminée, tout va bien. Malheureusement, c’est souvent à ce moment que le traumatisme psychologique prend le dessus.
8 – Comment avez-vous vécu l’après cancer ?
L’après cancer moralement cela a été difficile, on se sent seul, on souhaite redevenir la même personne qu’avant, mais la fatigue et nos transformations physiques nous rappellent que nous ne serons plus les mêmes. Je me suis montrée forte pour préserver un peu les proches et par humilité, mais cela n’a pas toujours été le cas. Avec le temps, on finit par reprendre sa vie en main, avancer et reprendre des forces physiques et morales. Aujourd’hui, je peux presque faire tout ce que je faisais avant et j’ai accepté d’avoir été malade.
9 – Quels auraient été vos besoins pour vous aider à mieux vivre la maladie ?
Être mieux guidée pour les soins des effets secondaires, car il faut aller chercher les informations.
10 – Qu’avez-vous appris personnellement à la suite de la maladie ?
Personnellement, la maladie m’a appris d’arrêter de croire que grâce à l’apparence physique on était aimé. Elle m’a montré que même malade, en pleine chimiothérapie, sans cheveux et avec une mastectomie, on peut rencontrer l’amour et être aimé.
11 – Que conseillerez-vous aux personnes qui vivent cette maladie aujourd’hui ?
Je leur conseille de rester elle même, par exemple si elles aiment prendre soin d’elle de continuer à le faire. Je leur conseille également de sortir et de faire du sport chaque fois que cela est possible. Enfin, de ne pas hésiter à aller voir un thérapeute pour les aider dans cette épreuve difficile.
![Audrey Mielon](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/04/audrey-mielon-150x150.jpg)
Audrey 34 ans
1 – A quel âge avez-vous été diagnostiqué(e) d’un cancer du sein ?
32 ans
2 – Comment avez-vous su que vous étiez porteur(se) d’un cancer du sein ?
Ma sœur jumelle a été diagnostiquée d’un cancer du sein en janvier 2022. Suite à son diagnostic, j’ai moi-même fait les démarches pour passer des examens médicaux. On m’a fait une mammographie puis une échographie mammaire qui ont révélé des lésions cancéreuses. On m’a donc fait une biopsie pour confirmer le résultat.
3 – De quel type de cancer et de quel grade s’agit-il ?
Il s’agit d’un carcinome lobulaire infiltrant de grade II.
4 – Expliquez brièvement votre parcours :
2 mois après la biopsie, on m’a fait une tumorectomie pour retirer la tumeur qui faisait 4 mm, ensuite j’ai fait un test génétique pour savoir si j’étais également porteuse du gène BRCA2, cela s’est avéré positif. On m’a donc proposé de poursuivre le parcours par de la radiothérapie, mais j’ai fait le choix de la mastectomie préventive pour retirer cette épée de damoclesse au-dessus de ma tête.
5 – Dans l’ensemble, comment avez-vous vécu ces étapes ?
Lorsque l’on m’a annoncé mon cancer, je n’ai pas vraiment eu de réaction et c’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui. Je n’ai pas l’impression d’avoir été malade, peut-être du fait que mon cancer a été diagnostiqué tôt et qui était moins grave que celui de ma sœur. J’ai très bien vécu le parcours médical et les différentes opérations.
6 – Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Le plus difficile pour moi a été le cancer de ma soeur.
7 – Vous êtes-vous senti(e) soutenu(e) dans votre entourage et avec le corps médical ?
J’ai été soutenue par ma famille proche et je savais déjà à quoi m’attendre puisque ma sœur franchissait toutes les étapes avant moi. Le corps médical a été un soutien durant les opérations, mais pour les démarches, personne ne m’a orienté, j’ai moi-même fait les demandes.
8 – Comment avez-vous vécu l’après cancer ?
Je vis très bien l’après cancer, je n’ai pas l’impression d’avoir été malade et je me rends compte que j’ai eu beaucoup de chance par rapport à d’autres personnes qui ont subi un parcours médical difficile.
9 – Quels auraient été vos besoins pour vous aider à mieux vivre la maladie ?
…
10 – Qu’avez-vous appris personnellement à la suite de la maladie ?
Arrêter de se prendre la tête pour des broutilles, de pas attendre pour faire des choses, de profiter de la vie.
11 – Que conseillerez-vous aux personnes qui vivent cette maladie aujourd’hui ?
De faire d’elles une priorité, d’avoir confiance en leurs capacités corporelles, de rester forte, positive « Après la pluie, vient le beau temps »
![Frédéric Casstet](https://octobre-rose-oloron.com/wp-content/uploads/2024/04/frederic-casstet-150x150.jpeg)
Frédéric 55 ans
1 – A quel âge avez-vous été diagnostiqué(e) d’un cancer du sein?
55 ans.
2 – Comment avez-vous su que vous étiez porteur(se) d’un cancer du sein?
Seul, par palpation, puis avec l’avis d’une animatrice (élève infirmière). J’ai ensuite consulté un médecin qui m’a fait faire des examens.
3 – De quel type de cancer et de quel grade s’agit-il?
Carcinome infiltrant de type non spécifique de grade 2.
Mon cancer vient d’une mutation d’une cellule cancéreuse de la prostate vers le sein (des recherches et analyses génétiques sont en cours).
4 – Expliquez brièvement votre parcours :
Mon parcours a été relativement simple et rapide ! Après avoir passé une mammographie, j’ai eu une scintigraphie, puis un scanner enfin, une biopsie. Mon gynécologue m’a annoncé une tumeur de 1,3 cm qui n’était pas saine et qu’il fallait effectuer une mastectomie.
J’ai donc subi une mastectomie totale du sein et en même temps, il m’a retiré les deux premiers ganglions touchés. J’ai été opéré le 8 décembre 2023, ensuite j’ai attaqué le premier protocole d’injection de chimiothérapie (1 toutes les 3 semaines) et actuellement, je suis au 2nd protocole (soit 1 injection par semaine). Pour terminer, des séances de radiothérapie sont à venir.
5 – Dans l’ensemble, comment avez-vous vécu ces étapes?
Au départ, j’ai pensé que c’était anodin, car dans ma famille (côté maternel), il y a pas mal de personnes qui ont des kystes. Puis, quand j’ai commencé à comprendre que cela n’était pas bénin, j’ai eu une forme d’angoisse. La mastectomie réalisée pour c’était terminé, mais lorsque mon gynécologue m’a annoncé que j’allais avoir de la chimiothérapie, c’était un gros coup de bambou.
6 – Qu’est-ce qui a été le plus difficile ?
Le plus difficile a été de ne pas réussir à me regarder dans le miroir durant 1 mois.
7 – Vous êtes-vous senti(e) soutenu(e) dans votre entourage et avec le corps médical?
Le soutien, question épineuse ! Un très grand soutien de la part de ma kiné qui continue à travailler sur ma cicatrice et le drainage lymphatique. La secrétaire de mon gynécologue qui m’a aidé administrativement et beaucoup d’écoute et d’exploitation de la part de mon oncologue.
Pour la famille et les amis c’est compliqué, mais cela permet de faire le tri. Certains ont été présents et d’autres m’ont “fui” comme-ci j’avais “la peste”.
8 – Comment avez-vous vécu l’après cancer?
L’après? Je ne sais pas encore, mais une appréhension pour retrouver du travail suite à un arrêt aussi long.
9 – Quels auraient été vos besoins pour vous aider à mieux vivre la maladie?
Pouvoir discuter, partager et faire des activités communes.
10 – Qu’avez-vous appris personnellement à la suite de la maladie?
Je ne pourrais répondre à cette question que lorsque j’aurai terminé tous mes traitements.
11 – Que conseillerez-vous aux personnes qui vivent cette maladie aujourd’hui?
Il faut apprendre à partager, ne pas rester seul et s’ouvrir aux autres.